Chapitre 19

Le sacrifice

Description : C:\Users\Lecto\Desktop\HP2\Lippert,Norman G.-[James Potter-2]La Malediction du gardien(2011).French.ebook.AlexandriZ_fichiers\/epubstore/N/L-Norman/La-Malediction-Du-Gardien//image041.jpg

James alluma sa baguette en descendant l’ancien l’escalier de pierre. Rose et Albus le suivaient, tandis que Ralph et Zane formaient l’arrière-garde. Depuis l’atroce élancement qu’il avait ressenti en embrassant Petra, sa cicatrice fantôme était restée douloureuse. Maintenant qu’il s’enfonçait dans les profondeurs de Poudlard, la douleur devenait un battement sourd et régulier.

— Je suis déjà allée une fois dans la Chambre des Secrets, annonça Rose. (Sa voix renvoyait des échos dans l’espace sombre et caverneux.) Il y a des années, on pouvait la visiter en découvrant Poudlard. Mes parents ont refusé de descendre avec moi. D’abord, ils la connaissaient déjà, et ensuite, ils refusaient de revivre des souvenirs pénibles. Je suis descendue avec oncle George. Sincèrement, il n’y a pas grand-chose à voir depuis que le basilic mort a été enlevé. Ce n’est qu’une grande caverne souterraine, dont la plus grande partie est éboulée.

James poussa un cri étouffé, et vacilla, avant de se figer. D’un geste la main, il prévint les autres de s’arrêter, puis il leva très haut sa baguette pour éclairer l’espace devant lui.

— Et ça ? demanda-t-il, le souffle coupé. Ça faisait partie de la visite que tu as faite, Rose ?

Derrière lui, Rose resta silencieuse un moment, les yeux écarquillés. Albus, Ralph et Zane s’étaient immobilisés, et aucun d’eux ne parlait.

Un mètre à peine avant les pieds de James, le sol s’arrêtait net, devant une crevasse béante. La noirceur du gouffre indiquait des profondeurs insondables, et des sifflements affreux vibraient dans l’obscurité du trou infernal. Quand James pencha sa baguette, la lumière se refléta sur les lames de faux gigantesques qui s’agitaient.

— Non ! haleta Rose. Pas du tout, je n’ai jamais vu ça dans mon ancienne visite. D’où ça vient ?

— Je dirais que ça a été ouvert récemment. (Zane pointa le doigt.) Regardez !

James remarqua alors ce que signalait l’Américain : d’énormes portes de pierre, de l’autre côté… au-delà du gouffre qui les en séparait.

— Comment Petra a-t-elle pu les ouvrir ? s’étonna Rose. Elles doivent peser des tonnes.

Ralph gesticulant en indiquant le gouffre et les lames menaçantes.

— Ce qui m’intéresse surtout, indiqua-t-il, c’est comment elle a traversé ça. Jamais nous ne pourrons la suivre.

James se baissa et saisit un gros caillou. Il le soupesa dans sa main, puis le lança, aussi fort que possible, par-dessus le gouffre. Le caillou tourbillonna dans l’obscurité et, tout à coup, une des lames magiques se projeta en l’air, le coupant en deux, avant de s’enfoncer à nouveau dans le gouffre.

James jeta un coup d’œil aux autres. Rose et Ralph avaient les yeux écarquillés. Zane haussa les épaules, indiquant que c’était sans espoir. Mais Albus prit une grande inspiration.

— Je pense connaître une façon de traverser, dit-il, comme s’il l’admettait à contrecœur.

— Quoi ?

Sidéré, James se tourna pour regarder son frère. Albus avait reculé de quelques pas, pour revenir à la base des marches de l’escalier. Il jeta un coup d’œil derrière lui.

— C’est papa qui me l’a appris, dit-il. Une fois, ça lui a sauvé la vie. Peut-être pourrons-nous l’utiliser pour sauver Lil. (Il tendit sa baguette vers les escaliers, et cria aussi fort que possible :) Accio balai !

Presque une minute passa. James commençait à douter que le sortilège ait fonctionné quand un cri rageur renvoya des échos en haut des escaliers :

— Nooon ! hurlait Tabitha. Pas mon balai ! Je vous l’interdis !

Ted cria encore plus fort qu’elle :

— Attention à vous, il arrive !

Le balai glissa dans les escaliers, et s’arrêta à côté d’Albus. En entendant la vibration magique qu’il produisait, James se souvint tout à coup du désastre provoqué l’an passé par ce même balai, quand James avait tenté de le maîtriser. Zane fit un pas en avant pour examiner le balai et Albus.

— Tu n’es pas sérieux ? dit-il. Ce truc appartient à Tabitha. L’année dernière, nous pensions que c’était le bâton de Merlin. Tu n’as pas l’intention d’essayer de traverser le gouffre sur ce machin-là ?

— Maintenant, c’est mon balai, répondit Albus, le visage dur. Tabitha me l’a donné – même si je pense qu’actuellement, elle doit le regretter.

— Mais tu ne peux pas traverser en volant ! s’exclama Rose. Tu as vu ce qui est arrivé au rocher ? Je ne sais pas comment Petra est passée avec Lily, mais il doit y avoir un autre moyen.

Albus récupéra son balai, et avança jusqu’au bord du gouffre avant de l’enfourner.

— Ce balai n’est pas ordinaire, Rose. Je ne sais pas où Tabitha l’a obtenu, ni comment il fonctionne, mais je t’assure qu’il sait ce qu’il doit faire. D’une certaine façon, c’est un peu l’inverse de l’Éclair-de-Tonnerre de James. Ce balai sait où aller, et il le met dans la tête de celui qui le monte. Le balai ne nous laissera pas couper en deux. De plus, nous n’avons pas d’autre choix. James, monte derrière moi, et tiens-toi aussi fort que possible.

James déglutit, mais il grimpa derrière son frère, et lui serra la taille à deux bras.

— Attendez ! cria Rose. C’est complètement dément.

— C’est bien pourquoi nous ne pouvons pas attendre, Rose, dit James en grinçant des dents. Si nous réfléchissons, nous réaliserons que c’est dément, et ça ne nous avancera à rien. Fonce, Al.

James sentit son frère se raidir. Ensemble, ils décolèrent au moment où Rose se jetait en avant pour attraper le bras de James. La jeune sorcière paraissait terrifiée, mais Albus accéléra, emportant James avec lui.

Sous le poids conjugué des deux frères, le balai plongea un peu, et James préféra fermer les yeux. Il était collé à Albus, qui se pencha en avant sur le manche, pour chercher à prendre de l’altitude. Le balai répondit : il remonta, et accéléra. James avait toujours dans la main sa baguette allumée. Il la détacha de la taille de son frère, et tendit le poing en avant, luttant contre la force de l’accélération. La baguette éclaira une longue lame d’acier qui les frôla, tranchant l’air avec un sifflement menaçant. Albus s’inclina et évita d’un cheveu d’être coupé en deux. Étrangement, le balai semblait déterminé à suivre un chemin précis : il plongeait et zigzaguait à toute vitesse pour éviter le barrage meurtrier. James se concentrait sur le fait de rester en selle, gardant son corps aussi près que possible de celui de son frère. Il entendit un crissement et une des lames découpa sa robe derrière lui. Malheureusement, quand James sentit le métal lui frôler le dos, il poussa un cri et sursauta, ce qui déséquilibra le balai.

Albus jura et tenta de rectifier la trajectoire, mais en vain. Le balai avait perdu son élan. Il se déroba sous les deux frères, et James réalisa qu’ils avaient malgré tout traversé le gouffre. Tout à coup, un mur de pierre apparut devant eux, comme s’il leur tombait dessus. Albus releva le manche, essayant d’aider son balai, mais il se trouvait trop haut. Le manche se mit quasiment à la verticale, évitant toujours les lames des épées. Et tout à coup, il y eut un vif éclat de lumière, et James tourbillonna en tombant. Il chercha quelque chose à quoi se retenir – en vain. Il atterrit violemment sur un sol de pierre, roula sur lui-même, et s’immobilisa. Inquiet, il s’examina rapidement : il avait au menton une coupure qui saignait, mais rien de plus.

Puis il se tourna vers son frère. Albus était tombé à trois mètres de lui, dangereusement proche du précipice qu’ils venaient juste de traverser. Il gémit en se tenant la tête. James se redressa en vacillant, et se précipita vers son frère.

— Al ! cria-t-il. Ça va ?

— Je pense que mon atterrissage n’était pas au point, répliqua Albus. C’était dément, non ? (Il secoua la tête, comme pour s’éclaircir les idées et aussitôt poussa un cri de douleur.) Ouille !

James baissa les yeux.

— Oh non ! Je crois qu’on l’a cassé !

— Ma jambe ? demanda Albus, qui examinait son tibia d’un œil critique. Ouille ! Ça ne me paraît pas normal qu’elle soit tordue dans cette direction, mais ce n’est pas très grave. Mrs Gaze va réparer ça en moins de deux.

Surpris, James cligna des yeux, et regarda la jambe cassée de son frère.

— Oh. Euh… je ne parlais pas de ça. Désolé, Al. Mais on a aussi cassé ton balai.

Il désignait du doigt l’ex-balai de Tabitha, coupé en deux.

— Oh, non ! cria Albus horrifié. Ça me fait encore plus mal que ma jambe. Comment allons-nous retraverser ?

Il récupéra les deux morceaux du balai et les fixa avec des yeux affolés.

James secoua la tête.

— Comme tu l’as dit, il faut d’abord sauver Lily. Ensuite nous réfléchirons au reste.

Albus tenta de se redresser, mais il cria aussitôt, et retomba lourdement.

— Je ne peux pas, James. Soit tu me portes, soit je suis coincé ici.

James ressentit soudain un élan de colère désespérée.

— Tu es fou ? Je ne peux pas le faire tout seul !

— C’est de ta faute, je te signale, rétorqua Albus. C’est toi qui nous as déséquilibrés sur le balai. Si on n’était pas tombé, sombre abruti, je ne serais pas dans cet état.

— Moi ? protesta James. Tu es gonflé ! Qui a eu l’idée grotesque de traverser ce truc mortel sur un balai pas fiable ?

— Je n’ai pas remarqué que tu avais des idées plus brillantes ! hurla Albus.

— Tais-toi ! dit tout à coup James.

— Ne me dis pas de me taire, crétin ! hurla son frère. Si ma jambe s’était décrochée, je l’utiliserais pour te taper dessus !

— Tais-toi ! insista James.

Il agita la main d’une façon frénétique et tendit l’oreille. Cette fois, Albus se tut, et écouta aussi, le front plissé.

— J’entends des voix, chuchota-t-il. Du moins ça y ressemble. Ça fiche la trouille.

— Ça vient de la caverne là-bas devant, dit James.

Il la désigna du doigt. Maintenant que ses yeux s’étaient ajustés à l’obscurité, il voyait une lumière verte briller devant lui.

— Vas-y, James, chuchota Albus avec urgence. Va chercher Lily, si tu peux. Et si tu ne peux pas, je jure que je te tuerai.

— D’accord, acquiesça James. J’espère que personne ne s’en chargera avant toi.

Il prit une grande inspiration, les yeux toujours fixés sur la lumière verte à l’entrée de la caverne, puis il commença à avancer vers elle. Sa cicatrice fantôme se mit à battre, d’une note douloureuse et intense. Elle vibrait à ses oreilles, tambourinait au rythme de son cœur. Petra ne pouvait pas faire de mal à Lily, se répétait-il. Mais était-ce la vérité ? Il aurait vraiment voulu y croire, mais il se souvenait de ses rêves… se souvenait de la voix doucereuse, qui insistait, tentait, convainquait avec des mots de plus en plus précis. Cette voix avait promis à Petra de lui rendre ses parents, si elle acceptait la plus douloureuse des épreuves et payait le prix du sang. Petra, de toute évidence, n’était plus dans son état normal. Sous le contrôle de cette voix horrible, elle était dans une sorte de transe, soumise au dernier lambeau de l’âme de Voldemort qui battait dans ses veines. Mais alors que James approchait de l’entrée de la caverne, il réalisa que ce n’était pas totalement la vérité. Bien sûr, Petra avait été influencée, mais elle n’avait pas été forcée d’agir. L’essence de Voldemort ne suffisait pas à prendre le contrôle d’elle-même, ça ne pouvait que la tenter, chercher à la persuader. Petra subissait surtout l’influence de son cœur brisé qui la créait en elle une rage profonde et dissimulée. Elle éprouvait le besoin désespéré de se venger de ceux qui lui avaient pris ses parents. Écartelée par ses émotions, Petra était prête à faire n’importe quoi – James en était conscient – parce qu’elle avait la conviction de réparer les torts qu’on lui avait causés.

En y pensant, James frissonna. Au même moment, il entra dans la caverne, et il vit.

Il y avait une vaste piscine d’eau noire, éclairée de l’intérieur par une lumière verte. Il y avait aussi Petra. Elle portait toujours la robe rose de la princesse Astra. Les boucles de ses cheveux s’aplatissaient et son maquillage avait coulé, formant des traînées sur ses joues. Elle pleurait. Malgré ça, elle tendait sa baguette, la braquant sur Lily qui se tenait devant elle, immobile et figée, comme une marionnette. En arrière-fond, la voix horrible et trop aiguë insistait, bien que James ait d’abord du mal à percevoir les mots exacts. Quand il avança, James entendit :

— Le garçon arrive, James Potter, dit la voix avec un plaisir malsain. Regardez-le, ma chère. Il arrive, comme nous l’avions prévu.

James poussa un cri étouffé en entendant son nom prononcé par cette voix terrible. Mais alors, Petra se tourna vers lui, et le hurlement de James se fit plus aigu. Il frissonnait de tout son corps parce que la douleur sur son front devenait atroce. Les yeux de Petra étaient morts, éteints. À la lueur verdâtre qui émanait de la piscine, son visage était aussi inexpressif qu’un masque. Elle tenait à la main la poupée vaudou volée, et James réalisa que quelqu’un avait dessiné dessus un éclair vert, en guise de cicatrice sur son front.

— James, dit Petra d’une voix blanche, la baguette toujours pointée vers Lily. Tu n’aurais pas dû venir. C’est trop tard maintenant.

Malgré son agonie, James vacilla en avant, approchant plus près de la piscine.

— Petra, que… qu’est-ce que tu fais ?

La jeune sorcière haussa légèrement les épaules, puis elle tourna son regard vers Lili.

— Je vais accomplir le travail pour lequel je suis née, répondit-elle, répétant de façon étrange les mots de Tabitha Corsica. (Elle hocha la tête en direction de Lily, et dit :) Tu sais quoi faire, ma chérie.

Sans cligner des yeux, Lily avança lentement jusqu’à la piscine lumineuse. Ses pieds nus ne faisaient aucun bruit sur le sol de pierre. James vit que des marches grossièrement taillées s’enfonçaient dans l’eau. Très lentement, Lily se mit à descendre. Avec un choc horrifié, James réalisa que sa sœur était soumise au Sortilège de l’Imperium.

— Je suis désolée, James, dit Petra. Je sais que tu ne peux pas comprendre pourquoi tout ça doit arriver. Au début, moi aussi, j’ai trouvé cette épreuve affreuse, mais maintenant je comprends que c’est le seul moyen. Vraiment, c’est mieux pour tout le monde, même pour Lily. Tu dois me faire confiance.

— … tu dois me faire confiance, répéta en écho l’horrible voix sifflante.

D’ailleurs, cette voix insidieuse semblait parler en permanence, comme pour imprimer ses mots dans le crâne de Petra – comme pour les lui souffler !

— Lily ! appela James, en faisant un pas en avant. Arrête !

Les yeux de Lily ne clignèrent même pas. Elle descendit une autre marche dans la sinistre piscine. James chercha désespérément sa baguette, mais il ne la trouva pas dans sa poche. Trop tard, il réalisa qu’il avait dû la perdre en tombant avec son frère du balai. Il se mit à courir avec l’intention de saisir sa sœur et de l’empêcher de force de descendre dans l’eau, mais dès qu’il s’approcha d’elle, quelque chose le repoussa. Il fut violemment éjecté en arrière, comme par une corde attachée à sa taille. Il heurta de tout son poids le mur couvert de mousse, et s’écroula à terre, le souffle coupé.

— Un à la fois, James, dit tristement Petra, la baguette toujours pointée sur Lily. Je suis désolée. Je t’en prie, ne recommence pas. Je ne veux pas vous faire mal, ni à toi ni à elle, avant que tout soit terminé.

James avait du mal à retrouver son souffle. Sur son front, la cicatrice fantôme le brûlait comme un tisonnier enfoncé dans son crâne. La voix affreuse renvoyait tous les mots de Petra, et pour la première fois, James se demanda si la jeune sorcière était consciente de cette autre présence. Était-il possible qu’elle ne réalise même pas qu’elle était sous influence ? James jeta un coup d’œil autour de lui, cherchant la source de la voix. Comme dans ses rêves, elle émanait d’une ombre, dans un recoin noir. En plissant les yeux, James aperçut une silhouette qui semblait porter un vieux chapeau melon et un long manteau poussiéreux. Les bras pendaient vides de chaque côté, comme à un cintre.

James s’efforça de se relever. Il se sentait faible et lourd à la fois, avec la sensation que quelque chose pesait sur ses épaules. Il avait la certitude horrible d’une nouvelle présence dans la caverne. Elle remplissait l’espace, comme de la fumée noire et asphyxiante. C’était le Gardien maudit. Silencieux, invisible, il venait d’arriver dans la Chambre des Secrets et se tenait aux aguets, prêt à prendre possession de Petra dès qu’elle aurait, de son plein gré, accompli le rite nécessaire : assassiner Lily.

Lily descendit une autre marche. Sa robe jaune se mit à flotter autour d’elle dans l’eau boueuse. Plus la petite fille avançait, plus une autre silhouette montait des profondeurs de la piscine. Horrifié, James la reconnut : c’était la jeune femme qu’il avait vue si souvent dans ses rêves, la mère de Petra. Au fur et à mesure que Lily descendait, le reflet de Lianna émergeait, souriant à sa fille, lui tendant les mains. Petra avait les yeux brillants de larmes de joie en assistant à cette résurrection.

— Petra ! hurla James. Ce n’est pas réellement ta mère. C’est impossible ! C’est une illusion. Elle n’existe pas !

— Ne l’écoutez pas, siffla la voix aiguë. Il est le fils d’un de ceux qui ont laissé vos parents mourir. Il n’est que mensonges et fausseté. Bientôt, sa voix aussi disparaîtra à jamais. Avec sa mort, vous retrouverez votre père. Tout sera réparé. La balance retrouvera son équilibre. La justice sera servie. Et votre sacrifice sera récompensé…

— … mon sacrifice sera récompensé, répéta doucement Petra.

Les larmes coulaient sur ses joues, délayant encore son maquillage. Le menton de Lily effleura la surface de l’eau. Une goutte brilla un instant sur sa peau, puis elle avança encore, et sa bouche disparut sous la surface. Ses longs cheveux brun-roux flottaient autour d’elle, comme une couronne. La silhouette spectrale de Lianna Agnelis émergea de la piscine, et posa un pied sur le sol de pierre. Elle n’était même pas mouillée. James, de plus en plus désespéré, lutta pour se relever.

— C’est une illusion ! hurla-t-il. Tout provient de cette voix. Qui est-ce ?

— Il n’y a pas de voix, chantonna Petra, qui se balançait d’avant en arrière. Il n’y a aucune autre voix que celle de mon défunt père. Je l’attends. J’ai ramené pour lui ses affaires ici. J’ai ses chaussures, son chapeau, son manteau – et même sa cape d’invisibilité ! Je l’ai utilisée très souvent pour venir ici. Il sera tellement heureux de retrouver toutes ses affaires, tu ne crois pas ?

James secoua la tête avec énergie.

— Cette cape d’invisibilité appartient à mon père, Petra ! On t’a menti !

Petra ne parut pas l’entendre. Ses yeux fixes restèrent braqués sur le spectre de sa mère, mais sa baguette ne quitta pas Lily qui descendit la dernière marche et disparut sous l’eau noire. La présence lourde et obsédante du Gardien maudit s’accentua. Le sacrifice était presque terminé. Bientôt, Lily serait morte, et le Gardien prendrait possession de Petra, son hôte volontaire. Ensuite, il n’y aurait plus aucun moyen d’empêcher la malédiction de ravager la terre. James aurait voulu se jeter dans la piscine et tout risquer pour sortir sa sœur de l’eau, mais aussi désespéré qu’il soit, il savait que Petra n’aurait aucune difficulté à le rejeter une fois de plus. C’était sans espoir ! James n’avait plus que quelques secondes pour agir. Frénétiquement, il quitta des yeux sa sœur à demi noyée, et reporta son attention sur la silhouette dissimulée dans l’ombre. À présent, il voyait qu’il ne s’agissait pas d’un homme, mais simplement de vêtements assemblés – ceux du père de Petra – comme un épouvantail. Pourtant, la voix surgissait de l’intérieur, cachée quelque part. Tout à coup, James sut ce qu’il devait faire, même si le risque qu’il prenait était terrible. Il s’écarta de la piscine où se noyait sa sœur, et traversa la caverne vers le recoin le plus sombre.

— Ce n’est pas ton père, cria-t-il. Petra, regarde !

Avant que la sorcière ne puisse l’arrêter, James avait attrapé le bras du manteau vide en tirant aussi fort que possible, détruisant l’illusion d’une présence. Immédiatement, la voix furieuse émit un couinement rauque :

— Nooon ! Misérable vermine ! Comment oses-tu me toucher !

Sous la violence de la douleur qui le martyrisait, James vacilla en arrière et lutta contre l’inconscience. Mais Petra poussa un cri étouffé, et sa baguette vacilla.

— James… Mais qu’est-ce que tu… ? (Sa voix s’interrompit, et ce fut d’un ton tout à fait différent qu’elle demanda :) Père ?

Le manteau avait dissimulé un tableau au cadre lourdement décoré. James remarqua que la toile avait été endommagée, sinon quasiment détruite, et qu’on avait recousu avec beaucoup de soin chacun des lambeaux entre eux, avant de les repeindre. Sur les réparations, la magie ne fonctionnait pas, ce qui donnait au visage un aspect tordu et monstrueux. Pourtant, James reconnut celui que représentait le portrait : Voldemort. Si un œil regardait droit devant, le second le suivait d’un regard malveillant. Cet œil brillait d’une lueur pourpre et avait une pupille verticale, comme un serpent.

Le visage de Petra se crispa d’un dégoût involontaire. Elle aussi avait reconnu le portrait.

— Mais… vous n’êtes pas mon père ! Vous êtes… vous êtes…

— Tais-toi, et termine la tâche ! siffla le portrait d’un ton furieux. Tue d’abord Lily Potter. Ensuite James Potter. Corrige enfin mon erreur fatale. Qui je suis n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est ce qu’on t’a volé ! Il faut faire payer les responsables. C’est la seule façon pour que ce que tu as perdu te soit rendu.

— Corriger votre erreur ? demanda Petra. (Son expression démontrait que l’horrible révélation lui apparaissait peu à peu.) Mais je pensais…

— Je n’ai commis qu’une seule erreur ! hurla d’une voix démente le portrait de Voldemort. En tuant d’abord James Potter, j’ai permis au plus fort des deux de protéger l’enfant. Une très ancienne magie, très puissante… que j’avais oubliée. Elle aurait dû mourir la première, laissant l’homme et l’enfant ramper devant ma baguette. Je n’ai commis qu’une seule erreur… et elle m’a été fatale. C’était stupide de ma part, mais maintenant, je veux que le cercle se referme. Tu es le vaisseau du dernier lambeau de mon âme. Tu dois tuer la fille, Lily Potter, et ensuite le garçon, James Potter, et ensuite… (La voix se fit venimeuse, avide et coléreuse,) Harry Potter viendra, et enfin – enfin – nous le tuerons ensemble !

— Harry Potter ? chuchota Petra.

— La poupée devait le convoquer, dit rapidement le portrait. Le plan était très simple : dessiner une cicatrice sur le front de la poupée pour transformer l’image du fils en celle du père. Harry Potter aurait dû sentir sa cicatrice se ranimer, aussi il serait venu ! Il aurait été à nous. Mais ça n’a pas fonctionné. C’est le garçon qui a reçu une cicatrice fantôme. Nous lui avons permis de connaître nos plans. En fait, ma chère, c’est encore mieux. J’aurais dû le prévoir. Ma seule erreur sera rectifiée ! L’ordre remis en place : Lily Potter mourra la première, ensuite James Potter, et finalement, Harry Potter ! Je le verrai mort à mes pieds, comme ça aurait dû être le cas, il y a des années.

— Je me demande où sont mes parents dans vos projets ? dit Petra Que devient votre promesse d’équilibre et de perfection ? Vous m’avez trompée ! (Sa voix monta, et se fit menaçante.) Vous m’avez menti.

— Mais vous et moi sommes pareils, ma chère, haleta l’horrible portrait. Votre âme porte ce qui reste de la mienne. Je brille en vous comme une flamme dans une lanterne. Nous souhaitons les mêmes choses, même si nous agissons dans des directions différentes. À la fin, il n’y a qu’un seul et unique sentiment qui compte : la vengeance !

— Oh, qu’est-ce que j’ai fait ? (Tristement, Petra secoua la tête.) Je ne veux pas de vengeance. Tout ce que je demandais, c’était la justice…

Elle s’écarta du portrait et regarda à nouveau le spectre translucide de la sourcière debout devant la piscine d’eau noire. La mère de Petra lui sourit tristement, et hocha la tête. Petra retint un sanglot.

— La justice, répéta-t-elle d’une voix vacillante. Je voulais juste revoir mes parents. (Elle leva sa baguette.) Wingardium Leviosa !

— Nooon ! hurla le portrait.

Sa rage était si violente qu’il sembla que les murs allaient s’effondrer.

Lily émergea de l’eau, inconsciente et trempée. Le spectre de Lianna Agnelis s’effaça et retourna dans l’eau. Un geyser jaillit de la piscine, trempant la pierre du sol.

— Maman ! cria Petra. (Incapable de s’en empêcher, elle tendit les bras vers la forme disparue et se mit à pleurer.) Je suis désolée, maman, papa. Je suis tellement désolée, mais je ne peux pas…

James courut vers sa sœur. Il l’attrapa, la serra dans ses bras, et la secoua. Elle était inerte et aussi glacée que la mort. Doucement, il la recoucha, et posa son oreille sur sa poitrine.

— Son cœur bat encore ! cria-t-il.

— Stupide fille ! rugit le portrait, au visage grotesquement déformé. C’était le seul moyen ! Mon âme qui est en toi va désormais se venger. Si tu lui résistes, ce sera à tes risques et périls. Tue la fille. Il n’est pas encore trop tard.

Petra secoua la tête, lentement, et s’approcha du portrait. Son visage fermé exprimait ses intentions.

— Tu ne peux pas détruire ce tableau, Petra, dit James qui la suivait des yeux. Regarde-le ! D’autres ont déjà essayé. Les portraits ne peuvent être détruits que par leur peintre originel, tu t’en souviens ?

Mais Petra secouait toujours la tête. Des larmes coulaient sur son visage. Malgré ça, son expression montrait une résolution farouche. À deux mains, elle agrippa le portrait par son cadre, et le souleva.

— Ce n’est pas tout à fait vrai, James, dit-elle doucement.

— Tu es destinée à devenir l’hôte du Gardien du Néant ! hurla la voix glacée et urgente de Voldemort. Il t’attend, en cet instant même. Je ressens sa présence, et toi aussi. Tu as été choisie depuis que Salazar Serpentard a lui-même organisé cet événement, il y a plus d’un millier d’années. Toutes les prophéties mènent à toi. Tu ne peux pas refuser ton destin, ça te détruirait. Retourne-toi. Tout n’est pas perdu. Il n’est pas trop tard.

Petra emporta le portrait jusqu’à la piscine, et l’approcha de la surface de l’eau. Elle ignora la voix démente et s’adressa à James :

— Deux personnes peuvent agir sur un portrait magique, dit-elle, mais le second est rarement disponible pour le faire. En plus de son peintre, un portrait peut être détruit par son sujet lui-même.

— Nooon ! hurla le portrait.

Sous la force de la colère de Voldemort, James vit le lourd cadre de bois se tordre. Petra se contenta de lâcher le portrait et il y eut encore un geyser d’eau. La voix affreuse continua à hurler, mais de douleur cette fois, comme si la piscine était un bain d’acide. La peinture bouillonna tandis que la toile coulait dans l’eau verte, puis elle se dilua en longs filaments qui jaillirent des profondeurs. La voix gargouillante s’éteignit, à bout de souffle. Il y eut un dernier halètement désespéré, puis des spasmes secs qui renvoyèrent des échos dans la Chambre des Secrets. Le portrait disparut enfin dans le puits sans fond de la piscine, perdu à jamais.

Petra tomba à genoux auprès de James, qui tenait toujours contre lui le corps léger et trempé de sa sœur.

— Est-ce qu’elle respire ? demanda-t-elle.

— Je ne sais pas, s’écria James. Elle est glacée.

Petra hocha la tête, et posa sa baguette sur la gorge de la petite fille.

— Expelliaqua ! dit-elle fermement.

Plusieurs secondes passèrent. James n’était pas certain que le sortilège ait fonctionné, mais tout à coup, le corps de Lily tressauta dans ses bras. Sa sœur se mit à tousser, et cracha une grande quantité d’eau. James l’aida à s’asseoir, et lui tapa doucement dans le dos. Elle toussa encore, et chercha douloureusement à inspirer un peu d’air dans ses poumons noyés. James était si inquiet pour elle qu’il remarqua à peine la disparition du Gardien maudit de la caverne. Son hôte avait échoué à l’épreuve finale : Petra n’avait pas tué. Affaibli et silencieux, le Gardien disparut.

Lily ouvrit les yeux et regarda son visage d’un air inquiet.

— James ? demanda-t-elle d’une voix rauque. Où je suis ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

James ressentit un tel soulagement qu’il se mit à rire et à pleurer en même temps.

— Tu es avec moi, Lil. C’est tout ce qui importe.

Lily jeta un coup d’œil de côté.

— Salut, Petra, dit-elle faiblement. Tu as été géniale ce soir. J’ai pleuré quand tu as bu le poison que t’a donné la méchante sorcière.

— Merci, Lily, dit Petra en esquissant un sourire.

Petra et James aidèrent Lily à se relever. Puis James mit son bras autour de sa sœur pour la soutenir en quittant la caverne. Avant de partir, Petra récupéra la cape d’invisibilité, mais laissa derrière elle les vieilles affaires de son père. Elle leur jeta un dernier coup d’œil triste, le visage empourpré d’émotion.

 

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Ils retrouvèrent Albus au même endroit, devant le précipice.

— Hey, Petra, dit-il gentiment. Tu es redevenue toi-même, j’espère ?

Sans répondre Petra hocha la tête. En silence, elle s’agenouilla aux côtés d’Albus pour examiner sa jambe. James regarda la sorcière arracher un morceau de sa robe. Soigneusement, elle utilisa le tissu et les deux morceaux du balai cassé pour serrer une attelle sur la jambe d’Albus. Quand ce fut terminé, elle se leva et aida Albus à se remettre debout.

— Tu es très bonne en soins médicaux, dit James.

— Hey ! s’écria Albus. C’est beaucoup mieux ! Comment tu as fait ?

— J’ai un don pour guérir, répondit Petra en détournant les yeux. D’ailleurs, c’était une simple fêlure. Tu iras très bien dans un jour ou deux, dès que Mrs Gaze aura regardé ta jambe.

James n’insista pas, mais il avait la certitude que Petra mentait. La blessure d’Albus avait été bien pire qu’une simple fêlure. James avait vu lui-même l’angle étrange que faisait le tibia de son frère au-dessous du genou. Et maintenant, Albus arrivait à tenir debout avec une simple attelle ? Peut-être était-ce pour Petra une façon de payer sa dette après ce qui avait failli arriver : elle avait secrètement guéri Albus en utilisant une magie extraordinaire.

Petra tenait entre ses mains la poupée vaudou et la cape d’invisibilité. Elle les regarda un moment, puis les tendit à James.

— Elles ne m’appartiennent pas, dit-elle. En fait, je n’avais même pas eu conscience d’avoir la poupée avant que le portrait la mentionne. Dire que je l’ai portée tout le temps sur moi, sans même le savoir ! James, je suis désolée. Je ne sais pas quoi te dire d’autre.

James accepta la poupée et la cape.

— Tu as été manipulée, dit-il.

— C’est vrai, répondit-elle, la tête détournée, mais ce n’est pas tout… je me suis laissé manipuler. Je ne peux pas le nier.

— Petra, dit James doucement, tu as de très bonnes raisons d’être triste et en colère. Simplement, ce n’est pas le bon moyen de régler le problème. Ted voulait que je te le dise : il y a d’autres méthodes. Tes sentiments sont réels. Il faut que tu saches quoi faire avec eux. D’accord ?

Petra hocha lentement la tête. Malgré l’obscurité qui les entourait, James vit le sillon brillant d’une larme sur sa joue. Sans se soucier d’eux, Albus examinait sa sœur de haut en bas.

— Lil, tu n’as rien ? demanda-t-il. Pourquoi es-tu mouillée ?

Lily fronça les sourcils, et examina sa robe dégouttante d’eau.

— Franchement, je n’en ai pas la moindre idée.

— Nous verrons les explications plus tard, dit Albus. Pour le moment, comment allons-nous passer ce précipice ?

Avec un soupir, il boitilla sur sa bonne jambe et gesticula en indiquant le gouffre qui béait devant eux.

— Nous allons le traverser comme la première fois, répondit Petra doucement. En marchant.

— En marchant ? (Albus fit la grimace.) Tu rêves ! Tu n’es pas un fantôme.

— Non, répondit Petra, comme en se parlant à elle-même. Apparemment, je suis la lignée de Lord Voldemort.

Elle s’approcha du rebord du précipice et fit un pas en avant. James poussa un cri horrifié, mais il fut incapable de détourner les yeux. Pourtant, Petra ne tomba pas. Dès qu’elle posa le pied dans le vide, une petite pierre apparut de nulle part et se plaça sous elle. La sorcière se tourna, le pied toujours posé dans le gouffre.

— Restez très proches de moi, dit-elle, et essayez surtout de ne pas penser à ce que vous faites.

James frissonna. Petra n’avait pas l’air entièrement certaine que ça marcherait, mais quel autre choix avaient-ils ? James hésita encore, puis il réalisa que, pour la première fois depuis presque une heure, sa cicatrice fantôme ne lui faisait plus mal. Avec un soupir, il se plaça derrière Petra, poussant devant lui Lily et Albus.

— Je vous signale que c’est complètement dingue ! remarqua Albus.

— Ne regarde pas en bas, rétorqua Petra.

Sans marquer la moindre pause, elle se mit à avancer. Mécaniquement, les trois Potter la suivirent. Et contre toute probabilité, aucun d’entre eux ne tomba tandis qu’ils traversaient le gouffre obscur. D’ailleurs, les épées menaçantes ne jaillirent pas davantage pour les couper en deux. À chaque pas, James sentait sous ses pieds la surface solide d’un caillou, à peu près de la taille d’une assiette. Dès que son talon s’en écartait, la pierre disparaissait, dans l’obscurité. Dans le lointain, James entendit le cliquètement d’un très ancien mécanisme – et il le reconnut : c’était le son qu’il avait entendu en dormant, chaque fois qu’il rêvait de cet endroit. Maintenant seulement, il en reconnaissait la nature. Quelque part, au passage de Petra, les pierres apparaissaient par magie. Peut-être le mécanisme n’était-il déclenché que devant la lignée ? Ou peut-être répondait-il seulement à ceux qui en connaissaient l’existence – comme c’était le cas de la jeune sorcière. Dans les deux cas, c’était plus facile de ne pas y penser… et de ne pas regarder en bas. Quand James arriva enfin de l’autre côté, il tomba dans les bras de Rose, Ralph et Zane qui l’attendaient. Il ne put résister à l’envie de regarder derrière lui. La dernière marche de pierre était encore en l’air, attachée à un système compliqué d’entretoises et de bobines. Avec un grincement rauque, elle disparut, et tout à coup, ce fut comme si elle n’avait jamais existé. Rose était tellement soulagée que ses genoux en vacillaient.

— Petra ! s’exclama-t-elle. Lily ! Tout le monde va bien ?

— Je pensais que vous étiez tous morts, dit Zane avec un sourire incrédule. Que s’est-il passé ?

— James est un vrai boulet sur un balai, se moqua Albus en secouant la tête. À cause de lui, on s’est écrasé. Ça a failli m’arracher la jambe. Heureusement que Petra est douée pour fabriquer une attelle.

Un peu inquiet, Ralph regardait la sorcière.

— Oui, je sais qu’elle est géniale pour les soins d’urgence, dit-il.

Rose riait et pleurait en même temps.

— Lily, tu es trempée, s’exclama-t-elle. Viens ici ! Laisse-moi t’aider.

Rose sortit sa baguette et l’agita dans un geste compliqué devant Lily, tout en prononçant un sortilège adéquat : « Calor Aero ! » De l’air brûlant émergea de sa baguette, séchant rapidement les cheveux et la robe de Lily, qui se mit à rire.

Peu après, le petit groupe rebroussait chemin, remontant les escaliers vers la lumière au-dessus.

— Et où est le Gardien ? demanda Zane.

— Il est parti, répondit James. Je l’ai senti quitter la caverne.

— Pour de bon ?

— Je n’en sais rien, dit James en haussant les épaules. Il n’a pas obtenu que Petra devienne son hôte : elle n’a pas voulu tuer. Donc, il n’a pas pu réaliser la prophétie. C’est terminé.

Zane hocha la tête, mais il fronçait toujours les sourcils.

— Si tu le dis, mec. En attendant, fichons le camp de là. Je t’assure que cet endroit me fiche les jetons.

— Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle la Chambre des Secrets, remarqua Albus.

James jeta un dernier regard derrière lui.

— J’espère vraiment, dit-il avec ferveur, que nous avons vu le dernier de ses secrets !

 

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— Et voilà toute l’histoire, à ce que j’en sais.

James était assis sur la seule chaise du bureau, en face du directeur. C’était le lendemain, en fin de matinée, et un brillant soleil illuminait le jardin à l’extérieur. Par la fenêtre ouverte, on entendait le chant des oiseaux.

— Et ensuite ? demanda Merlin.

— Nous sommes remontés jusqu’à l’entrée de la salle de bain des filles, à l’étage, et Ted à directement conduit Tabitha dans votre bureau. Nous avons ramené Lily dans la Grande Salle pour retrouver ma mère. Elle a prévenu tante Hermione, oncle Ron et oncle George qui fouillaient toujours le château. Tout le monde a décidé que la fête prévue devait continuer, mais c’était davantage pour célébrer le retour de Lily que le succès de la pièce.

Merlin pencha lentement la tête, les doigts noués. Il se tourna pour regarder Harry Potter, debout auprès de lui, les bras croisés, le regard fixé sur le sol.

— Miss Morganstern s’est-elle rendue à la fête ? demanda Merlin.

— Non, dit James en secouant la tête. À mon avis, elle a pensé que ça rendrait service à tout le monde qu’elle ne soit pas là… après ce qui s’était passé.

Harry parla sans relever les yeux.

— Ce n’était pas de sa faute. Elle a été manipulée.

— Ce n’était pas entièrement de sa faute, corrigea Merlin le visage dur. Elle a été manipulée, bien sûr, mais elle a permis à ces mensonges de lui dicter sa conduite. Elle l’a admis elle-même. D’ailleurs, le simple fait qu’elle ait été capable de rejeter, à la fin, l’influence de Voldemort est bien la preuve qu’elle aurait pu le faire plus tôt – si elle l’avait voulu.

Harry releva enfin les yeux.

— Elle a subi l’influence maudite du dernier lambeau de l’âme de Voldemort, dit-il. C’était un menteur de génie, et un maître manipulateur. De bien plus grands sorciers et sorcières que Petra Morganstern ont succombé à ses mensonges.

Merlin hocha la tête.

— Ce n’est pas ce qui les empêche d’être responsables de leurs actes.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? (Dans son siège, James se pencha en avant.) Que Petra est méchante parce qu’elle a eu le malheur d’être choisie par cette stupide dague ensorcelée ?

— Non, James, répondit gentiment Merlin. Là, c’est de la malchance. Mais ça n’empêche pas que Miss Morganstern se soit laissé influencer par cette âme maudite. Et il est encore possible, dans le futur, qu’elle agisse de façon dangereuse. Elle a avoué avoir ensorcelé Joséphine Barnett avec un Maléfice Vertigo, sachant que tout le monde en blâmerait Miss Corsica. Et elle l’a fait pour le plaisir, juste pour se prouver qu’elle en était capable. La nuit dernière, elle a bien failli commettre un acte irrémédiable, ce qui aurait condamné ensuite toute l’humanité. Si tu n’avais pas été là à ce moment précis, James, si tu n’avais pas pensé à dévoiler ce mystérieux portrait, tout aurait été perdu.

— On n’en sait rien, répondit James, sans conviction.

— Oh, mais si, James, je le sais, dit Merlin en le regardant dans les yeux. Et pour ça, je te dois une excuse.

— Une excuse ? Pourquoi ?

— Je me suis trompé à ton sujet, James Potter, avoua Merlin avec un grand soupir.

Le grand sorcier s’arrêta, comme s’il hésitait à poursuivre. Il regardait droit devant lui. James réalisa qu’en fait Merlin ne le fixait pas vraiment, c’était plutôt quelque chose sur le mur derrière lui. James se tourna pour vérifier. Le portrait d’Albus Dumbledore affrontait le regard de Merlin. L’ancien directeur eut un léger sourire, et hocha la tête. Et puis, d’un geste à peine discernable, Dumbledore adressa à James un clin d’œil. Perplexe, James se retourna vers Merlin.

— On m’a prévenu, dit Merlin d’une voix sardonique, qu’il était vital d’éviter la tentation de garder des secrets ou de ne dire que des demi-vérités. Albus Dumbledore et moi avons discuté ce sujet des heures durant, et je dois admettre que, jusqu’à récemment, je n’étais pas tellement d’accord avec lui. Mais, sans conteste, les derniers événements ont prouvé la validité de ses arguments. James Potter, en présence de ton père, je vais te dire toute la vérité.

Merlin soupira, et se leva. Il quitta son bureau, et passa devant Harry.

— C’est exact, expliqua-t-il, j’étais au courant de l’éventualité qu’une entité – appelée le Gardien des Portes – puisse me suivre après mon long voyage en dehors du temps. Salazar Serpentard me l’avait expliqué en détail. D’ailleurs, il l’espérait, et avait tout planifié pour ça. À l’époque, mon cœur était dans un tel état que le reste du monde ne signifiait rien pour moi. Je me fichais de son avenir. Je me suis dit que si le Destructeur devait venir… eh bien, tant pis ! que le Destin s’occupe de l’humanité. Ce n’était pas mon rôle. Je m’en lavais les mains. L’an dernier, quand je suis revenu dans le monde des hommes, j’ai d’abord détesté cette époque. L’idée que le Gardien maudit ait pu me suivre ne me tourmentait guère, et je n’avais même pas l’intention d’utiliser les petits pouvoirs à ma disposition pour l’empêcher d’agir.

« (Merlin leva la main, et montra l’anneau noir étincelant qu’il portait au doigt.) Mais ensuite, j’ai découvert la présence des borleys. Ces petits êtres aussi nuisibles que des cafards m’ont bel et bien prouvé que des Ombres m’avaient suivi depuis le Néant. Si les borleys se trouvaient là, il était probable que le Gardien était là aussi. J’ai décidé de capturer les borleys en utilisant le meilleur outil qui soit : la Poche Noire qui, comme vous le savez, contient la dernière relique d’obscurité totale qui se trouve sur terre. J’ai emprisonné les borleys à l’intérieur – une douzaine d’entre eux – mais sur le moment, je ne savais pas trop pourquoi je le faisais. Ça me semblait simplement normal et responsable. En vérité, je commençais à mieux connaître cette époque, et bien que j’y trouvais – et y trouve encore – de nombreux défauts, je découvrais peu à peu que je ne la haïssais pas autant que je l’avais cru. Plus important encore, je m’étais attaché à divers habitants de cette époque. Et surtout à toi, James Potter, et à tes amis aussi indisciplinés que turbulents.

« Quand j’ai réalisé ça, j’ai su que je n’avais qu’un seul choix : je devais faire tout ce que je pouvais pour libérer le monde du Gardien maudit, dont la présence sur cette terre était ma seule responsabilité. Ayant décidé ça, j’ai compris qu’il existait dans le monde actuel des sorciers qui connaissaient l’existence du Gardien : les disciples de l’ancienne doctrine de Serpentard. Ils imaginaient, comme lui autrefois, avoir le moyen de contrôler le Gardien, de l’utiliser pour leur vengeance personnelle. Je connaissais l’existence de la seconde moitié de la balise-pierre, et sentais qu’elle était en possession de ces individus néfastes. J’ai suivi leurs progrès tandis qu’ils rencontraient le Gardien. J’ai regardé et attendu, en utilisant ce miroir. (Il indiqua l’Amsera Certh, caché sous son tissu.) Mes instruments sentent les événements impliquant de la magie noire, et m’en indiquent la localisation. Quand ils se produisaient, je les surveillais dans le miroir. Peu à peu, je me suis impliqué. Je me suis rendu sur place quand les disciples de Serpentard rencontraient le Gardien.

« D’ailleurs, je présume que tu as assisté à l’une de ces réunions, James, avec Miss Weasley et Mr Deedle. Je les ai trouvés dans une forêt magique, sur la tombe de Tom Jedusor. Le Gardien avait ranimé la statue de Voldemort, la forçant à exprimer les dernières volontés du défunt. Le Gardien a demandé qu’on le conduise à un humain qui lui servirait d’hôte. La statue a parlé du garçon qui avait vaincu Voldemort, et le Gardien désirait le retrouver, pensant que ce serait son hôte logique.

« Ensuite, je l’ai senti se tourner vers vous… (Merlin regarda Harry Potter.) Il a découvert votre présence sans même quitter le cimetière. Il vous a trouvé à travers la toile de l’humanité, et compris immédiatement que vous n’étiez pas disponible. C’était comme si je suivais ses pensées, au moment où elles lui traversaient l’esprit. Je l’ai senti vous repousser, non pas comme un être sans valeur, mais comme un être hors de sa portée. Il a compris que jamais vous ne l’auriez accepté, quoi qu’il fasse.

Harry eut un frisson visible.

— Je m’en souviens très bien, dit-il d’une voix lente. J’étais dans mon bureau, au ministère, je parlais à Hirsham Dubois, et tout à coup, j’ai eu la sensation de me voir de l’extérieur, comme si on m’avait éjecté de mon être pendant que quelqu’un d’autre fouillait dans mon crâne. Ça n’a duré que quelques secondes, ensuite tout est redevenu normal. Hirsham n’a rien remarqué. J’ai pensé que je l’avais imaginé, ou peut-être que j’étais fatigué. Mais ça devait être ce… cette chose qui m’examinait.

Merlin hocha la tête, et regarda Harry d’un air appréciateur.

— Il faut un sorcier très puissant pour le ressentir. En général, le Gardien anesthésie sa proie pour lui faire oublier son passage. D’ailleurs, ceci a dû suffire à prouver qu’il ne pourrait jamais vous obtenir. Aussi, il est passé à autre chose. Même pendant que ce pauvre dément de Lucius Malefoy lui parlait, lui enjoignant de les rejoindre, lui disant qu’ils avaient préparé pour lui la lignée de Voldemort, j’ai senti que le Gardien vous avait quitté, Harry, et qu’il cherchait plus loin… vers James.

— Moi ? s’exclama James, choqué. Pourquoi ?

— C’est parfaitement logique, quand on y réfléchit, insista Merlin, que le Gardien soit allé vers toi, James. Toutes les prophéties affirment que l’hôte du Gardien serait un « enfant de la tragédie », un orphelin. Le Gardien a d’abord cherché Voldemort, l’orphelin le plus à même de représenter son hôte idéal, mais il n’a trouvé qu’un cadavre. Ensuite, il est passé au sorcier assez puissant pour avoir vaincu Voldemort, et il a trouvé un autre orphelin : Harry Potter. Malheureusement, celui-ci était trop puissant. Aussi, pour le Gardien, il devenait aussi peu intéressant que le cadavre de son ancien ennemi. Alors, il a étudié le premier-né d’Harry Potter. Et il a trouvé un enfant bouleversé par une tragédie personnelle : la perte brutale de son grand-père. De plus, dès le premier jour de son arrivée sur terre, le Gardien avait senti ta présence dans la Caverne du Secret, James. Il a même pu deviner que tu avais aidé à son retour.

— Je n’ai jamais voulu ça ! s’exclama James sans réfléchir. Au contraire, j’ai essayé de l’en empêcher !

Merlin leva la main pour l’interrompre.

— Pour le Gardien, c’est sans importance. Je l’ai senti s’attarder sur toi et apprendre à te connaître. Au même moment, dans le cimetière, Lucius Malefoy était en train de lui parler. Je t’ai senti dans ses pensées, James, et c’est pour ça que je me suis montré, pour le distraire. J’ai appelé le Gardien, et je me suis identifié comme un des possesseurs de la balise-pierre. Il s’est rappelé de ma présence dans le Néant. Sa première réaction a été de me poser une question à ton sujet, James. Je lui ai affirmé, aussi fermement que possible, que tu ignorais tout de lui, que tu ne consentirais jamais à devenir son hôte. Il a ri. Il m’a affirmé au contraire que tu savais déjà beaucoup de choses – sa présence en particulier – et qu’en ce moment même, tu nous regardais. Alors Lucius Malefoy s’est retourné et il t’a vu, dans le reflet d’une crypte abandonnée, non loin de là. Quand il t’a désigné du doigt, le Gardien a souri. Il savait que tu nous regardais, James, même pendant que je cherchais à détourner son attention de toi. Moi aussi, je me suis tourné, et j’ai vu ton reflet. J’ai voulu revenir au plus tôt, pour t’avertir, mais tu as refermé le Livre Compas, m’empêchant de le faire. Il m’a fallu presque 24 heures pour revenir au château par d’autres méthodes, et à ce moment-là, mon opinion de toi avait dramatiquement changé. J’en suis désolé.

— Vous avez pensé que j’étais du côté du Gardien ? s’étonna James.

— Pas consciemment, répondit Merlin. Pas plus que Petra Morganstern ne l’était. J’ai décidé que tu étais manipulé par lui, et que tu te laissais prendre. Je regrette de devoir l’admettre, James, mais je craignais que ton désir d’agir comme ton père ne soit exploité par le Gardien et les forces du chaos. Quand la Beuglante de ta mère est arrivée, annonçant à tous qu’elle te croyait coupable d’avoir volé la cape d’invisibilité et la Carte du Maraudeur, ceci a renforcé mes convictions que tu œuvrais pour que le Gardien parvienne à ses fins. J’ai décidé de te surveiller, et d’attendre, espérant me tromper à ton sujet.

« Et puis, quand ta sœur a disparu la nuit dernière, j’ai su que c’était le moment de vérité. Je n’arrivais pas à croire que tu puisses lui faire mal, mais ceux qui sont sous l’influence du démon font parfois des choses bien pires. Donc, j’avais prévu de t’emmener loin de l’école, pour que le Gardien ne puisse t’utiliser pour son plan, quel qu’il soit. Tu m’as échappé. Étrangement, il t’a suffi pour ça d’être jeune et rapide. Bien sûr, j’aurais pu te rattraper, si je m’en étais réellement donné la peine, mais au plus profond de mon âme, j’ai décidé de te faire confiance. Et de faire confiance au Destin. C’était, d’une certaine façon, un autre test de la corde d’or. Tu t’en souviens ? Dans ma caverne, je t’ai dit que tout était une question de confiance. Tu as choisi de ne pas lâcher la corde, même si le faire aurait été la voie facile. Moi aussi, j’ai choisi de m’accrocher à ma confiance en toi. Je me suis dit que si j’agissais follement, le monde ne vivrait pas suffisamment longtemps pour m’en blâmer. Et comme la suite l’a prouvé, ma confiance a été bien placée. Tu sais, James, tu nous as tous sauvés.

— Waouh ! (James poussa un grand soupir.) Alors c’est pour ça que vous étiez aussi secret et terrifiant l’autre jour dans votre bureau ?

— Un portrait m’a dit que c’était une erreur, admit Merlin, en jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule de James. Oui, Dumbledore n’approuvait pas du tout ma conduite à ton égard, et il me l’a fermement expliqué après ton départ.

Sur le mur, derrière James, la voix de Dumbledore protesta :

— Merlinus, je me suis exprimé avec tout le respect nécessaire. Mais certes, je vous ai prévenu que vous doutiez de ce garçon à vos risques et périls.

— Exactement, acquiesça Merlin. Si je me souviens bien, vous avez été très explicite sur le sujet.

— C’est ma malédiction de chercher à aider ceux qui me succèdent en leur conseillant de ne pas faire les mêmes erreurs que moi ! (Dumbledore regarda d’abord Merlin, puis Harry.) Je n’ai appris cette leçon que quelques jours avant ma mort. Trop tard pour pouvoir réparer mes torts, bien que je l’aie fait autant que possible.

Sans sourire, Harry acquiesça.

— Alors, que faisons-nous avec Petra Morganstern ?

Merlin haussa les épaules, et retourna s’asseoir à son bureau.

— Elle est coupable de recel en ce qui concerne la cape d’invisibilité et d’enlèvement de Lily Potter. En tant que directeur des Aurors, propriétaire de la cape, et père de l’enfant, Harry Potter, je présume que c’est à vous d’en décider.

Harry réfléchit sérieusement durant un moment. Enfin, il regarda James :

— Je ne porterai pas plainte, dit-il. James, qu’en penses-tu ?

— Merci, papa ! répondit James. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Et dès que je lui ai montré que tout n’était qu’un mensonge, elle a changé d’avis vraiment très vite. Elle n’a jamais voulu faire de mal à quiconque.

— Mes amis, faites bien attention aux choix que vous faites, dit Merlin d’un ton ferme. Miss Morganstern est une jeune sorcière très compliquée.

— Mais elle n’est pas méchante ! affirma de James avec ferveur.

— Pas plus que tu ne l’es, James, ou ton père – ou moi. Et pourtant, en ce qui me concerne, je peux affirmer avoir provoqué beaucoup de dégâts au nom de l’amour. Nous sommes tous capables de mal agir, malgré nos meilleures intentions, en fonction des choix que nous faisons et des philosophies auxquelles nous croyons. Plus nous avons de potentiel pour le bien, plus notre potentiel pour le mal est puissant. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Miss Morganstern a un très grand potentiel magique. La seule question qui reste en suspens est de savoir comment elle l’utilisera.

— Mais elle a bien agi, remarqua Harry. Selon mon expérience, ceux qui choisissent de bien agir en prennent vite l’habitude. Bien sûr, l’essence de Voldemort vit toujours en elle, et elle n’y peut rien. Pourtant, elle a prouvé que ça ne suffisait pas à la manipuler.

— Ça a suffi pour la faire douter, répondit Merlin. Et elle n’a pas encore conquis complètement l’héritage qui lui vient de ce mage noir. Il restera toujours en elle, à l’empoisonner, à la tenter, à lui mentir. De plus, elle a hérité de sa puissance. Elle a démontré qu’elle pouvait l’utiliser – pour le bien, certes, en guérissant ainsi la jambe de votre fils – mais combien de temps sera-t-elle capable de le contrôler ? Quand elle quittera ses murs, elle retournera vers une vie triste et sans amour. Elle s’est refusé l’option de retrouver ses véritables parents pour que James et sa sœur puissent vivre. Et elle va vous voir tous les deux retourner chez des parents aimants, vers une vie familiale dont elle ne peut que rêver. Soyez certains que, malgré ses actions, elle passera de longues nuits amères, à rêver de ses parents défunts en se demandant si elle ne s’est pas trompée au cours de cette nuit sinistre dans la Chambre des Secrets.

James secoua la tête, refusant d’y croire.

— Non, elle ne pensera pas ça. Petra est bonne.

— Elle veut être bonne, admit Merlin. Je te l’accorde, James. Espérons seulement que ça suffira.

Harry s’approcha de James, et mit la main sur son épaule.

— Scorpius a accepté de nous aider à retrouver son grand-père, Lucius Malefoy. Pour te dire la vérité, il montre même un peu trop d’enthousiasme à le faire. Ça me met mal à l’aise. Mais je crois que les derniers mensonges et manipulations de Lucius ont définitivement détourné ce garçon de lui. Il sera pour nous un allié valable.

« Sinon, dit-il en se tournant vers Merlin, que faire de Tabitha Corsica ? Elle m’a rendu la carte. Elle n’est coupable que d’avoir stupéfié Ralph. Techniquement, elle n’a rien fait d’autre, malgré tous ses efforts. Je n’ai aucune juridiction particulière contre elle.

— Laissez-la-moi, dit Merlin, en s’adossant à son siège. Son cas n’est pas désespéré, je peux l’aider. Autrefois, j’ai connu quelqu’un comme elle.

James bondit sur ses pieds, tandis que son père s’apprêtait à sortir.

— Vous plaisantez ? Vous pensez que Petra va devenir comme lord Voldemort mais qu’il y a des espoirs pour Corsica parce que « vous avez connu quelqu’un comme elle » ?

Merlin regarda James, les sourcils froncés.

— Mes paroles n’ont peut-être pas exactement exprimé ma pensée, dit-il d’une voix rocailleuse. En fait, autrefois, je lui ressemblais beaucoup.

Consterné, James resta à fixer le directeur. Avant qu’il puisse parler, Harry le prit par le bras et l’entraîna vers la porte.

— Viens ici, mon fils, dit-il avec un petit sourire. Le directeur a beaucoup à faire. Au fait, j’ai vu la pièce sur les Multiplettes. Tu es un excellent acteur. Je ne savais pas que tu pouvais te montrer aussi convaincant. Du coup, je me pose quelques questions sur cette horloge cassée du salon…

James préféra changer de sujet aussi vite que possible.

— Quand maman et toi allez-vous rentrer à la maison ?

Harry referma la porte de Merlin avant de répondre.

— Pas tout de suite. Je vais descendre chez les Serpentard vérifier comment se porte Albus. Ensuite, j’ai une… Euh… visite de courtoisie à rendre.

James dévalait déjà l’escalier en spirale. Il se retourna vers son père, surpris par le ton employé.

— Ah oui ? À qui ?

— À Mimi la Geignarde, dit son père, avec un sourire résigné. Rose insiste beaucoup. Elle dit que c’est une promesse. James, si jamais je reste coincé là-haut plus d’une heure, sois gentil, et viens me libérer. D’accord ?

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La Malédiction du gardien
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